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  • : Créé par l'association Areduc en 2007, Entre Les Lignes propose un regard différent sur l'actualité et la culture en France et dans le monde.
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Puisque « l’auteur » de ce livre a eu la politesse de se présenter, il me semble que celle qui vient mettre de temps à autre son grain de sel dans ses pages devrait en faire autant. Pourquoi cette deuxième voix, en contrepoint de la première ? Et bien parce que ce livre se veut un dialogue, et même un polylogue, si tant est que le mot existe, un débat, une ébauche, une construction collective. Et pour arriver à être 100 000, il faut bien commencer par être deux, trois et douze…

Florent m’a fait lire ces pages alors qu’il ne lui restait que quelques chapitres à rédiger. Je me suis sentie tenue de lui « répondre » en proposant des remarques (pas des corrections, il n’est pas question d’effacer nos désaccords) et il a requis ma collaboration (modeste). Si j’ai accepté, c’est que, sans partager toutes les thèses du livre, j’adhère pleinement au constat qu’il dresse : le capitalisme libéral est dans une impasse, il nous faut agir et agir vite. Mais tout comme Florent, je n’ai aucune envie de provoquer un carnage : il me semble que les révolutions sanglantes ne sont plus nécessaires et je crois davantage à la révolution de velours.

Voilà que je me suis déjà trahie : pour en finir avec cette présentation, il me faut dire brièvement quel a été mon « itinéraire intellectuel ». Je suis normalienne, germaniste, agrégée d’allemand , titulaire d’un doctorat en littérature allemande, diplômée de l’INALCO en tchèque et actuellement traductrice au Parlement européen. Je n’en suis ni particulièrement fière, ni particulièrement honteuse : c’était ce que j’avais envie de faire, ce que je savais faire, et donc ce que je devais faire. Il n’y a guère de doute que ce parcours influence mon mode de réflexion, mais il y a bien d’autres facteurs à prendre en compte, peut-être plus déterminants encore. Je viens d’une famille très unie et très restreinte (un père, une mère, une sœur). Mes parents étaient l’un et l’autre des moitiés d’orphelins, sans bagage scolaire, mais curieux de tout et qui ce sont occupés de leurs enfants comme de leur plus belle réussite. C’est grâce à eux que je suis partie de ma ZEP d’origine, à eux et à des professeurs qui croyaient encore à la réussite par l’école et à l’égalité des chances, qui disparaît me semble-t-il chaque jour un peu plus, ce qui m’est proprement intolérable. On ne grandit pas impunément en écoutant tous les soirs un passage des Misérables. Si ma mère avait aimé Pascal plus que Hugo et Rousseau plus que Céline, il y a fort à parier que mon caractère serait différent. J’ai appris à trouver normal de pleurer à la fin du Dialogues des Carmélites tout en détestant les curés et toute forme de religiosité délétère, j’ai pu croire, et je crois toujours, dans mes moment d’optimisme, que « seule la beauté sauvera le monde ».

J’avais pensé qu’en devenant moi-même professeur, métier que j’ai exercé trois ans, à l’université, je contribuerai au sauvetage. Inutile de préciser que j’ai déchanté et que la nécessité de trouver un autre biais m’est apparue assez vite : et Florent est venu m’apporter, sinon une solution clef en main, au moins un début de réponse et d’orientation. J’espère que mon regard sur sa prose pourra servir aussi d’autres lecteurs, qui auront peut-être les mêmes objections que moi et à qui j’aimerais faire comprendre qu’ils ne sont nullement obligés de tout accepter de ce livre pour en retirer un enrichissement.

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