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  • : Clair-obscur
  • : Créé par l'association Areduc en 2007, Entre Les Lignes propose un regard différent sur l'actualité et la culture en France et dans le monde.
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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 16:32

« La révolution russe, c'est la révolution française qui arrive en retard, à cause du froid.  »

de Salvador Dali

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 14:51

« La danse est l'une des formes les plus parfaites de communication avec l'intelligence infinie. »

de Paulo Coelho

Alors dansez!

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 09:17

On peut lire dans cet article:

 

"La découverte d'un nouveau moyen d'expression n'est jamais la conséquence inévitable d'un progrès scientifique, mais répond à des besoins différents qu'elle élargit ou déplace en même temps qu'elle les réalise."

 

Et vous pouvez voir quelques photos... ici

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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 11:25

 

"La mémoire est le meilleur appareil photo qui soit."

 

Kevin Spacey

 

Sylvain Bineau 

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 11:26
TROIS PIECES EN UN ACTE (La Paix chez soi - La Peur des Coups - Les Boulingrin). Spectacle comique, enlevé. ENTREE GRATUITE (participation libre au chapeau !)

 

Affiche Courteline 22fév2011 version web

  • La Paix chez soi :

    Edouard Trielle n'en peut plus. Toute sa vie, il compte : les lignes des feuilletons idiots qu'il écrit pour vivre, l'argent qu'il gagne à la sueur de sa plume, les affronts de sa jeune et jolie femme, Valentine, qui dépense libéralement le budget du ménage et l'enquiquine, lui, Edouard Trielle, autant qu'elle peut... Mais c'en est fini de subir ! Trielle a trouvé une solution à ses problèmes, qui va surprendre Valentine... Quand Courteline évoque avec drôlerie et à fleur de peau les malheurs d'un homme de lettres, le plat se déguste sans modération !

  • La peur des coups :

    Scène de jalousie réglée comme un protocole puisqu'elle se reproduit après chaque soirée pour un mari et sa femme. Devançant les injures, elle termine les phrases de son mari qu'elle connait par coeur.

  • Les Boulingrin :

    Des Rillettes est un pique-assiette qui pense trouver chez les Boulingrin le lieu idéal pour satisfaire son bien-être et passer un hiver agréable, mais il ne se rend pas compte que les Boulingrin vont s'amuser avec lui comme un chat joue d'une pelote de laine.

    Auteur : Georges Courteline
    Artistes : Florent Trocquenet, Florence Damiens, Dorothée Cailleux, Rémi Gelin, Cécile Lemaistre-Bonnemay, Diane Chamboduc de saint-Pulgent, Josiane Lopez
    Metteur en scène : Bernard Belin, ex-pensionnaire de la Comédie Française
  • Renseignements et réservations sur Billet Reduc :
  •  
  • http://www.billetreduc.com/45479/evt.htm

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 23:15

Je ne sais pas ce que vous avez coutume de faire le 25 décembre, moi, je vais au cinéma. A la séance du matin, de préférence, quand les autres dorment encore. En général, je vais voir la super production du moment, parce que quand il fait très froid et très gris dehors je suis disposée à rester 3 heures dans une salle de cinéma bien chauffée, du moment que je n’ai pas eu à faire la queue. Cette année, je suis donc logiquement allée voir Avatar, de James Cameron. Et alors, est-ce que ça vaut le coup ?


Je vais vous étonner : oui.


avatar
Entendons-nous : ça vaut le coup, si vous y aller pour voir des images, rien que des images. Ne cherchez pas d’intérêt dans le scénario, il n’y en a pas. Je vous résume l’intrigue en dix lignes (et c’est déjà beaucoup pour si peu) : en 2100 et des poussières, les humains cherchent à utiliser un minerai très rare et très précieux dont il n’existe des gisements que sur la planète Pandora, où vit une civilisation humanoïde belle, pacifique et farouchement attachée à son environnement. Du côté des humains, deux camps s’affrontent : les scientifiques fascinés par la faune et la flore du lieu, qui ont pris fait et cause pour le peuple des Navas, et le complexe militaro-industriel, qui veut tout raser et tuer jusqu’au dernier des autochtones pour approcher plus vite des gisements. Au milieu de tout ça débarque le héros, un ancien marine qui a perdu l’usage de ces jambes, chargé de jouer les intermédiaires entre humains et Navas, en usant de son avatar, c’est-à-dire de son double, une créature reliée à lui (euh , ne me demandez pas comment, leurs systèmes nerveux sont connectés d’une manière ou d’une autre) qui a été créée à partir de son ADN et de l’ADN d’un Nava (parce que sans ça on ne peut pas respirer sur Pandora, et que les militaires pensent qu’il vaut mieux adopter le même aspect que l’ennemi pour l’approcher, bon et puis c’est pas la question arrêtez de me faire perdre le fil). Bref, il arrive à se faire accepter des habitants, adopte leur civilisation et tombe amoureux de la fille du chef, forcément. Et elle, au début, elle l’aime pas, parce qu’il est bête et tout, et après, si, elle en est très amoureuse, parce qu’il est courageux et tout.


Bon, jusque-là, vous avez envie de rester chez vous. Mais l’important n’est pas le scénario. L’important, c’est que les images de la jungle pandoréenne sont vraiment très belles et qu’on ne fait plus du tout attention à l’histoire au bout du premier quart d’heure. Il faut reconnaître que les créateurs n’ont pas lésiné sur les effets 3D et que le décor qu’ils ont imaginé est superbe. On est plongé dans un monde féérique, peuplé de créatures étranges qui évoluent au milieu d’une végétation foisonnante, aux formes et aux couleurs inattendues. Les passages de nuit dans la jungle illuminée par les fleurs phosphorescentes sont un vrai moment de rêve, un peu kitsch, un peu parc d’attraction, un peu simplement joli, laissez-vous aller c’est Noël.


Donc, si vous aimez aussi le cinéma pour les belles images, si vous avez envie de voir des rhinocéros préhistoriques à crête de plumes charger des tanks futuristes, ou de détester l’abject colonel américain qui mène les opérations, parce que parfois cela fait du bien de savoir où est l’ennemi (et là, il n’y a pas de doute, le méchant est très très méchant, on ne peut pas se tromper), allez-y.


Et si vous avez envie de faire marcher vos neurones, vous pourrez en même temps réfléchir aux questions que soulève la création d’un tel film et le succès qu’il rencontre. Il est frappant de constater à quel point il est symptomatique (toutes proportions gardées) d’un certain malaise dans la civilisation, comme dirait l’autre.

Certes, il y a dans cette histoire des traces de traumatismes propres à la société américaine (ouf, c’est pas nous), mais il reflète aussi en partie l’état actuel de notre civilisation occidentale. Cameron montre au fond non pas un énième combat entre deux peuples autour d’une richesse qu’ils refusent de partager, mais un combat entre deux formes d’humanité : les Navas sont l’image fantasmée de ce que serait une humanité qui aurait conservé un mode de vie en harmonie avec la nature.


Le premier élément révélateur est l’aspect que les dessinateurs ont donné aux Navas : on reconnaît des traits humains dans la stature, la marche, les quatre membres, la parole...etc, mêlés à des caractéristiques animales : yeux de chat et longue queue qui aide à l’équilibre pour batifoler dans les arbres. Leurs longs cheveux tressés en natte sont le signe de leur appartenance au Tout de la nature, car par cette sorte de cordon ombilical, il peuvent se relier aux animaux et aux plantes et communiquer avec eux, selon un modèle qui rappelle la connexion électrique. Ce qui est plus frappant encore, c’est que leur civilisation est inspirée de celles des peuples indiens et africains : arcs et flèches, animisme, peintures de guerre, culte des ancêtres et traits négroïdes chez la mère spirituelle de la tribu.  Cameron rejoue un peu l’élimination du peuple indien, un peu la ségrégation, un peu la guerre du Vietnam, puisqu’il s’agit d’aller déverser des tonnes de défoliants dans la forêt vierge. Les Navas sont donc l’image de la culpabilité américaine, des avatars, justement, des peuples exterminés ou lésés. Mais ils incarnent aussi un idéal : outre la symbiose avec la nature, les humains (ceux qui sont devant l’écran et qu’on essaye de faire rêver) envient aux Navas leur appartenance à une communauté, à des années lumières de toute pensée individualiste. Ils sont un peuple solidaire, qui se conçoit comme un tout cohérent, et dont les us et coutume ont un sens immanent. Les Navas font envie parce qu’ils vivent dans un monde qui n’a pas connu le désenchantement, où tout est et fait sens, où chaque geste trouve son explication et sa justification. Au point que le premier marine illettré venu sait voir la richesse que les Navas ont à lui offrir et préfère rester avec eux. Car, comme il le constate amèrement, les humains n’ont rien à donner qui pourrait pousser les Navas à leur abandonner leurs arbres sacrés. Rien de ce que la civilisation rationalo-capitalisto-technologique a produit ne pourrait constituer une monnaie d’échange digne de ce nom face à ce qui apparaît comme le bien suprême : un monde où chacun sent qu’il est à sa place, obéit aux lois de la nature et trouve dans ses activités quotidiennes un sens qu’il n’est pas même besoin de définir. Voilà ce qui fait rêver, voilà ce qui suscite la nostalgie du Parisien un 25 décembre, la nostalgie d’un monde qu’il n’a au fond jamais connu mais dont il imagine sans peine qu’il vaut mieux que le sien. Est-ce du rêve bon marché ? Un peu, évidemment. Mais il fut un temps où on faisait rêver avec de grosses voitures et des valises de pognon (temps qui n’est d’ailleurs pas définitivement révolu) et en ce qui me concerne, je me réjouis qu’on puisse faire rêver avec autre chose, même à vil prix.

S’il était possible d’acheter le « réenchantement du monde » qu’appelaient de leurs vœux les romantiques allemands, il y a fort à parier que les humains, en tout cas une bonne partie de nos contemporains, seraient finalement prêts à payer plus cher qu’on ne croit. La preuve, ils payent déjà 15 euros leur place de cinéma. Et prient pour que les hélicoptères de leur camp s’écrasent sur la montagne avant d’atteindre l’ « arbre des âmes ». Quand une civilisation ne croient à ce point plus à ses propres paradigmes que les films futuristes montrent non plus la destruction de la Terre par d’horribles extraterrestres, mais la destruction d’autres planètes par d’horribles humains, il n’y a pas 36 solutions. Ou on change, ou on meurt. Peut-on retrouver la foi qu’on a perdu plus que trois heures dans un fauteuil de cinéma ? Je n’ai pas la réponse. Est-ce que cette prise de conscience de l’absurdité d’un mode de vie peut déboucher sur un vrai changement, ou bien continuerons-nous à nous payer trois heures de rêve par mois pour supporter notre réalité ? Disons, pour rester optimiste, que la généralisation du sentiment de l’absurde est déjà un bien : reste à savoir en faire quelque chose. Ailleurs que sur un écran.

 

Dorothée Cailleux

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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 09:49
Francisco Goya 1746-1828.         Musée du Prado, Madrid.



Voilà sans doute le tableau le plus effrayant, le plus fascinant et le plus horrible qui soit. On le retrouve pourtant partout, sur des couvertures de livres de poche ou dans des manuels scolaires, comme s’il était anodin ou bien faisait partie du patrimoine artistique partagé ou reconnu par tous, au même titre que la Joconde ou les Tournesols de Van Gogh. Il est cependant difficile de le regarder comme n’importe quel autre chef-d’œuvre, n’est-ce pas ? 

 Voilà donc un père en train de dévorer son fils …A l’origine, il s’agit d’un épisode de la mythologie grecque et romaine qui raconte que Saturne, ou Cronos, trancha le pénis de son père Ouranos parce que celui-ci empêchait Gaïa d’accoucher des Titans en la pénétrant sans relâche. Pour se venger, Ouranos lança une malédiction sur Cronos, lui promettant que son propre fils se retournerait contre lui quand il aurait atteint l’âge adulte. C’est ainsi que pour éviter que la malédiction ne se réalisât, Cronos dévorait un à un ses enfants …

 

Goya a choisi des couleurs sombres, des noirs, des rouges et un peu d’ocre pour peindre cet obscure histoire; le visage est déformé, à la fois par sa bouche noire grande ouverte et par son regard terrorisé : Saturne semble épouvanté par son propre geste, ses yeux exorbités en expriment toute l’horreur et cependant, il accomplit son crime, convaincu de sa nécessité. Ses mains s’agrippent autour du corps de son fils et la scène  est d’autant plus repoussante que l’enfant ne possède pas un corps de bébé potelé  mais un corps d’homme en modèle réduit.

 

Saturne, dieu parmi les dieux est le père involontaire de Jupiter : oui, son épouse Opis n’acceptera évidemment pas ce terrible destin et réussira à  sauver deux « enfants », Jupiter et Pluton, et la prophétie s’accomplira … Mais il ne le sait pas et  préfère donc continuer à dévorer ses fils plutôt que de risquer d’être détrôné, -dévoré ?- par l’un d’eux, et, en perdant le pouvoir, de perdre la vie. Il préfère s’amputer de sa progéniture et des bonheurs possibles de la paternité plutôt que d’imaginer une vie où il ne serait plus « dieu » ; mais alors quoi ? un simple mortel ? ou rien du tout, ce qui revient au même ? le pouvoir suffirait-il à définir un dieu, ou un homme ? Dans le monde que Goya connaît désormais, la réponse est « oui ».

 

Quand il peint ce tableau l’artiste est âgé, (il mourra six ans plus tard), sourd, (il habite « la Quinta del Sordo », qu’il recouvre de fresques noires) et revenu de tout. L’année suivante il s’installera à Bordeaux et ne retournera plus en Espagne, cette Espagne qui l’a pourtant honoré en le nommant peintre officiel de la Cour et des membres de la noblesse,  (1786) période heureuse qui lui a permis de peindre des tableaux lisses et gais,  mais qu’il a vue aussi déchirée et ensanglantée par l’invasion des troupes de Napoléon et la guerre qui s’en est suivie ; ce drame lui a inspiré ses deux plus puissants chefs-d’œuvre, « Dos de Mayo » et « Tres de Mayo », et lui a laissé une vision désespérée de l’humanité.

 

L’interprétation de « Saturne.. » peut  reposer sur cette désespérance : l’homme, comme les dieux, n’est-il pas capable du pire?

 Car les dieux ont été crées par les hommes pour leur renvoyer le miroir de leurs pulsions les plus dévastatrices et les en exonérer ensuite : « si nous  sommes capables de tels actes sanguinaires, vous qui n’êtes que des humains ne pourrez pas y résister. » Goya a peint des soldats français fusillant de pauvres villageois innocents mais il sent que cela ne peut suffire pour décrire la noirceur de l’âme humaine ; il lui faut peindre un tableau d’une simplicité  compréhensible par tous, avec peu de personnages et aucune fioriture, sans décor ni recherche de couleurs ; un tableau où LE personnage symbolisera les tréfonds du mal ; la vie réelle ne le lui offre pas cet homme ? Goya ira le chercher dans la mythologie, riche en évènements sanglants provoqués par la volonté de puissance et l’avidité des dieux. Saturne incarne ce mal absolu, ce malheur total et inéluctable : son regard est empreint de folie, sa propre terreur le rend fou, à moins que ce ne soit la douleur (imaginée) de son fils …

Ce monde qui s’auto-détruit, car Saturne mange la chair de sa chair, a perdu la raison et nous effraie, car ce tableau est bien la négation de toute humanité.

Anne BORDIER

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 10:46


Nous vous proposons de retrouver la vidéo de la pièce, jouée par la troupe Areduc, à l'adresse suivante:

http://picasaweb.google.com/areduc/LeMariageDeFigaro#5347276862473252898

      N'oubliez pas de cliquer sur "visionner la vidéo en haute qualité" en haut à droite

 Distribution
 

Ø      Mise en scène

 

Nicole Stankiewicz

Ø      Acteurs (par ordre d'apparition:

 

 

Figaro

Jean-Baptiste Delmas

Suzanne

Dorothée Cailleux

Marceline

Laurette Truchot

Bartholo

Roberto Teichner

Chérubin

Grégoire Viterbo

Le Comte

Florent Trocquenet

Bazile

Camille Derboule

La Comtesse

Diane Chamboduc de Saint-Pulgent

Fanchette

Agnès Le Guen

Antonio

Serge Trocquenet

Brid'oison

Julien Chiappone-Lucchesi

Double-Main

Charles Viterbo

 

Ø      Costumes

Diane Chamboduc de Saint-Pulgent

 

Ø      Régie

Mathieu Cossutta

 

Ø      Producteurs exécutifs

Sylvain Bineau

Dorothée Cailleux

Diane Chamboduc de Saint-Pulgent

 

 

Le Mariage de Figaro est donné pour la première fois en public (après de multiples péripéties et une représentation « privée » chez le duc de Fronsac, au château de Gennevilliers), le 27 avril 1784. La pièce forme le second volet de ce qui sera finalement une trilogie, ouverte en 1775 avec Le Barbier de Séville, et que termine, en février 1791, L'Autre Tartuffe ou La Mère coupable. Tout commence de façon légère, par une comédie encore marquée par l'héritage de la farce (un jeune seigneur, aidé de son industrieux valet, arrache à un barbon médecin sa jeune promise) - et s'achève dans le drame. Entre le premier coup frappé à la première du Barbier et celui qui précède le lever de rideau de La Mère coupable, la Révolution française a éclaté. Pour un genre aussi politique que le théâtre, et un théâtre éminemment politique comme celui de Beaumarchais, difficile de ne pas voir dans cette inflexion dramaturgique l'influence de l'Histoire. Celle-ci prête de moins en moins à rire, et au fur et mesure que le temps passe dans la trilogie, que les personnages vieillissent, le jeune seigneur devenant un vieil homme, sa jeune maîtresse une femme en deuil de son filleul, son jeune valet un homme grave, les événements se précipitent sur la foule qui se presse pour assister aux représentations, attirée autant par la réputation de l'auteur que par le parfum de scandale qui entoure chacune de ses œuvres...

            Le Mariage est sans conteste la pièce maîtresse du triptyque, parce qu'elle contient ce qui fait le moteur des deux autres. Légère, elle l'est encore : « Tout finit par des chansons » dans le joyeux vaudeville final. Grave, elle l'est déjà, par les thèmes qu'elle embrasse. Les personnages ne sont plus seulement des emplois de théâtre, ils ont pris de l'épaisseur, des contours plus flous, plus mobiles, et incarnent, chacun à sa manière, un des fils qui se nouent dans cette période où l'Ancien régime exhale ses derniers souffles. Le Comte n'est plus le jeune premier livré à une passion que tout encourage et tout autorise : il est une incarnation du « grand seigneur méchant homme » ; son désir devient une prédation, d'autant plus inquiétante qu'il est le maître des lieux, le représentant d'une Loi qu'il cherche à détourner à son profit. La Comtesse est la « femme délaissée », à qui son aliénation conjugale devient insupportable, et qui va trouver en Marceline, une fausse duègne, le héraut de sa cause. Suzanne n'est pas la soubrette qu'impose le schéma comique traditionnel : objet de tous les désirs masculins, enviée par sa maîtresse, elle incarne, dans sa fraîcheur et sa légèreté, une fraction de la bourgeoisie qui se sent, dans la société verrouillée de l'Ancien régime, courtisée sans honneurs, indispensable sans reconnaissance... Figaro est au carrefour de ces nouvelles pistes qui s'offrent à l'exploration sociale, et il figure leur incertitude. Son célèbre monologue en fait un personnage de roman, car, on le sait, les personnages de théâtre n'ont pas de passé, et c'est la « bizarre suite d'événements » qui a marqué sa vie que Figaro se remémore sur la scène.

Il serait naïf de prétendre que Le Mariage « annonce » en fanfare la Révolution française : en vérité, il la redoute, autant qu'il en dessine les contours. Avant tout, en ces années 1780, c'est le chaos : les valeurs en cour(s) ne sont plus que des symboles vides, mais qu'est-ce donc qui les remplacera ? Quelles solidarités fonderont la communauté sociale à naître ? Car enfin, si la société d'Ancien régime est divisée en ordres, ces ordres ne sont pas des classes sociales... Ils ne sont pas même des ordres, et l'on verra, quand enfin le feu est mis au poudre, des « bourgeois » réactionnaires, des aristocrates qui renonceront dans une superbe et folle exaltation à leurs privilèges, la nuit du 4 août.

            Quand un système politique est déjà mort, et que de toutes parts des insurrections, des doutes, de fausses certitudes ponctuent la nuit sociale, ne nous y trompons pas : le sentiment qui domine est celui de l'inquiétude. Le Mariage s'achève dans la nuit d'un parc où règne la plus grande confusion. Qui aime qui ? Qui est qui ? Qui sont les maîtres, où sont les valets ? Les flux se croisent, des flux de désir... Mais ceux-ci sont, on le sait, inassignables. Un personnage incarne cette libido sans visage : Chérubin, le jeune page, qui n'est plus un enfant mais pas encore un adulte, jeune homme déguisé en femme, électron libre qui relie tous les points de cette toile complexe - personnage lourd de promesses, mais à qui l'on annonce le pire... Dans cette nuit baroque, tout est simulacre : les mœurs, la justice, la politique, la diplomatie, les identités sociales ou sexuelles.

            On l'a compris, cette nuit d'orages avant des lendemains inconnus, cette société en crise où l'on sent bien que quelque chose est à venir, mais où il semble pourtant que l'on ne puisse faire autre chose que battre inlassablement des cartes mille fois rebattues, c'est une période qui ressemble, par certains côtés, terriblement à la nôtre. Périodes-charnières de l'Histoire, périodes difficiles. Périodes fécondes pourtant, où l'on doit donner forme à toutes ses impatiences, où l'on doit faire la part d'un avenir qui s'annonce, mais dont on ignore à peu près tout...

Florent Trocquenet

 



 

Avec le soutien de :

Service culturel des Étudiants de l'Université Paris IV - Sorbonne

Crédit Mutuel


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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 11:40

WENDY ET LUCY                                               DANS LA BRUME ELECTRIQUE

De Kelly Reichardt                                                                       De Bertrand Tavernier

 

De l'autre côté de l'Atlantique, il y a aussi des intellectuels qui ont de l'exigence. Ils ne sont d'ailleurs pas forcément mexicains ou canadiens, mais bien américains ! Parfois les américains prouvent qu'ils ne sont pas tous débiles comme souvent en France on le croit. Et parce que notre anti américanisme primaire de ces dernières années s'endurcit et se banalise, ces preuves en œuvre passent inaperçu ici. Pour pousser l'énervement des bons franchouillards pleins de préjugés tombant souvent des nues quand ils ont à faire à ce type d'événement, je vais aller jusqu'à dire que lorsqu'un réalisateur français va filmer les américains en détresse, c'est beaucoup moins intéressant et surtout moins exigeant que lorsque c'est fait par un(e) américain(e) !

 

EXIGENCE !!!

 

Wendy (Michelle Williams) et Lucy ont pris la route depuis l'Indiana pour aller en Alaska. Dans l'Oregon, leur voiture tombe en panne. Wendy compte ses quelques deniers, attache Lucy à la sortie d'un magasin et vole pour donner à manger à Lucy. Wendy se fait prendre. Quand elle revient de la Police, Lucy n'est plus là. Elle s'est laissée embarquer par on ne sait qui, on ne sait où. Wendy va tout faire pour retrouver sa compagne Lucy.

 

En Louisiane, Dave Robicheaux (Tommy Lee Jones) enquête sur une série de meurtres. Il rencontre un acteur alcoolique et sa copine, un producteur dégueulasse, des morts... lui-même était alcoolique, et avec cette enquête qu'il mène, il a l'impression de devenir fou, tiraillé entre ses grands principes moraux et sa rage non maitrisable.

 

Quel lien ? Voici un petit extrait d'une interview de Kelly Reichardt par David Hurll : « Pour Wendy et Lucy, Jon (Raymond, auteur de la nouvelle dont s'inspire le film, il y est par ailleurs co-scénariste) et moi sommes partis de l'idée répandue aux Etats-Unis, que si vous êtes pauvres, que si vous ne réussissez pas, c'est que vous êtes paresseux. L'ouragan Katrina a été un des éléments déclencheurs de notre projet. Après cet événement dramatique, on s'est demandé comment les gens qui n'ont pas d'aides peuvent franchir l'étape qui les aidera à sortir de la pauvreté. Quand on n'a pas de filet de sécurité, comment fait-on pour ne pas partir à la dérive ? ».

 

Le lien est donc cet événement Katrina. Si le Tavernier prend place en Louisiane, le Reichardt se place géographiquement à l'opposé, juste en dessous de l'Etat du Washington.

La différence est que le film prenant place au milieu du désastre Katrina, bien que mis en scène par un réalisateur venu de loin, ne montre que des gens perdus au milieu des morts : des alcooliques, des gens allant mal, se frappant violemment, ne se parlant que pour se dire qu'ils n'ont rien à échanger. D'où la seule belle scène du film, au bord de l'eau, avec le dialogue de sourd consistant à parler de la « notion de compréhension » - qui d'ailleurs est plutôt un monologue proféré par une personne sous LSD...

Reichardt opte quant à elle pour le non-dit. En restant loin du désastre elle garde à distance toute parole. Il y a peu d'échange. Mais les échanges sont de vrais échanges : Je te prête mon portable si ça peut t'aider. Je te paie un café, parce que j'ai une mauvaise nouvelle et qu'il est bien tôt...

 

La différence est donc dans le choix des personnages. Une catastrophe a eu lieu et laisse des milliers de gens dans la merde. Quel point de vue peut prendre le metteur en scène : que tout le monde se bourre la gueule, ou bien que dans cette errance, on a un devoir d'exigence et de présenter l'humanité dans ses vrais rapports d'entraide, aussi simplistes qu'ils soient ? Du coup, les différences d'exigences envers l'humanité deviennent perceptibles dans la mise en scène, et les moyens employés.

 

Mercredi soir, Monsieur Tavernier est venu au cinéma Le Vincennes présenter son film. Il a beaucoup parlé des conditions de tournage : « ce n'est pas parce que vous êtes aux Etats Unis que le matériel est bon. Mon chef opérateur me disait que s'il tournait un film au Maroc, il aurait du meilleur matériel. On nous a donné une voiture travelling qu'en France on aurait refusée ».  Voici qui pour moi expliquait en partie les cadrages lamentables de son film. Les tremblements sur les travellings, les saccades dans quasiment tous les plans... Mais j'ai aussi vu Wendy et Lucy, fait sans moyens et pourtant propre : « tout le monde travaille gratuitement, les dépenses au départ sont très restreintes. La plupart du temps on tourne en extérieur, avec très peu d'équipement. Là où je tourne en Oregon, il y a tout un petit groupe (...) qui travaille toujours sur mes projets avec un budget sur deux semaines. Ce n'est pas courant de travailler de cette manière dans le cinéma américain, d'avoir cette approche collective ». Wendy et Lucy a très certainement coûté cent fois moins cher que Dans la Brume... Et pourtant il y a une exigence du cadre, de la lumière qu'il n'y a pas dans la Brume. Si tous le monde s'accorde à dire que la lumière dans La Brume est magnifique, elle n'est rien car les cadres et les mouvements d'appareil (dont le chef opérateur est responsable) sont pourris. Tandis que Wendy et Lucy est tourné à mon sens très souvent en lumière naturelle. L'équipe technique image se réduit à deux personnes (d'après le générique). Et les scènes de nuit y sont plus belles, plus poétiques, envoûtantes. Parce qu'il y a là une exigence de l'image qu'il n'y a pas sur le Tavernier. Cette même exigence de questionnement à partir du choix des personnages et donc de comment les filmer se différencie sur deux projets qui ont pourtant tout à voir dans le fond : comment ne pas partir à la dérive, ne pas devenir fou, et réfléchir donc, dans ces moments difficiles, à des questions qui peuvent peut-être apporter du bien, si elles sont bien posées.


Monsieur Tavernier, regardez ce petit bout de pellicule qu'est Wendy et Lucy, et voyez comment on parle de la violence d'une société. « J'espère que les questions posées par le film sont : qu'est-ce que l'on peut faire pour les autres ? Qu'est-ce que chacun doit aux autres ? Sommes-nous reliés, unis, ou est-ce que c'est chacun pour soi ? » (K. Reichardt).

 

Il est dommage Monsieur Tavernier que vous n'ayez pas fait rencontrer Wendy à Dave Robicheaux, il en aurait plus appris sur ce qu'est avoir de la morale, et d'être exigeant.

 

Pascal Leroueil


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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 22:59

THE CHASER

de Na Hong-Jin


Il y a des films comme ça qui vous laissent vide en sortant de la salle de cinéma. Vidé de tout tellement l'émotion a été puissante, tellement l'empathie créée avec vous est forte.

On ne sait pas comment, mais on dirait qu'un petit morceau de tripe s'accroche à la manivelle de la caméra et le metteur en scène tourne parfaitement son œuvre jusqu'à la fin. Ainsi, vous êtes vidé. Vous n'avez plus de force dans les jambes, vous ne pouvez plus parler et votre respiration est ralentie, difficile. Dans vos veines, c'est de l'acide sulfurique qui circule, et votre matière grise est devenue aussi liquide et pâle que du lait.

Pascal Leroueil

18 mars 2009



Hommes Aveugles

WATCHMEN de Zack Snyder

 

Une farce ? Très certainement...

A maintes reprises, les protagonistes de ce film disent qu'il s'agit d'une farce... d'une blague, pas vraiment drôle. Que leur vie, le sens de leur vie, complètement mêlé à l'histoire très violente des USA - qui par la même occasion, est ré-écrite - est une farce.


Oui, la farce que l'on met dans des tomates bien rouges.


La farce à mon sens est qu'Hollywood, en tout cas une partie, a trouvé dans ce projet fou la possibilité de faire un film expérimental (sans narration) afin de ne plus véhiculer qu'une idéologie claire. Ce film est totalement politique, et c'est pourquoi, même si je suis sincèrement désolé de prendre un mauvais film, je voudrais en parler dans les lignes de notre association AREDUC.


Qui sont ces gardiens ? Déjà, ils ne sont pas les gardiens originaux. Tout vient des gangs qui sévissaient dans la ville, et la police, n'arrivant pas à les arrêter, a trouvé une solution : se déguiser pareillement.

Ceux qui ont vu quelques films très intéressants s'inscrivant dans le genre « terrorisme - post 2001 », comme Inside Man, comprendront ici que la thèse posée, la thèse initiale de Watchmen est opposée à celle de V pour Vendetta. Il ne s'agit pas chez Snyder de faire vivre cette utopie où le peuple prendrait le visage du terroriste pour se libérer, mais bien de cette vieille idée mal pensée : les « badguys » nous obligent à nous transformer en monstre. A prendre ce non visage, la même vulgarité. Car il n'est question dans ce film que de savoir quel visage, quelle face adopter devant la folie des hommes. Folie = folie meurtrière. Troisième guerre mondiale.


Alors il va s'agir pour Snyder de montrer qu'il n'est pas fasciste (tout juste réac !?) mais que le sacrifice est inévitable. Il va pour cela tenter de brouiller toutes les cartes en stéréotypant toutes les images, en les vidant de leur sens (il y a un nombre incalculable de références cinématographiques). L'exemple le plus probant est la réutilisation de Wagner pour la guerre du Vietnam, mais ici venant s'additionner à des images clippées, pleines d'effets d'irréalisme, pour montrer que oui c'est atroce ce que les ricains ont fait, mais c'était une blague, ça n'a jamais vraiment eu lieu comme ce que l'on en a dit/montré jusqu'à aujourd'hui. Cette séquence Wagnérienne est de plus juxtaposée à une autre scène encore plus politisée. Cette scène montre le Comédien (personnage associé à Oswald, à l'homme de main d'un certain gouvernement, pro-Nixon et même pro-Reagan) descendre dans la rue où il y a des manifestants. Il commence à dire aux manifestants de partir. Les manifestants, voyant qu'il est seul, bien qu'armé, veulent s'en débarrasser. Le Cousin se défend et tire dans la foule. Reagan a fait produire des film comme Rambo, mais au sens de Snyder, ce n'est pas suffisant. Il fallait un film qui assume la violence des héros mais dans la rue, avec les civils débauchés de l'après Vietnam, pas dans les bois, et encore moins contre la police. Car l'ordre, ce sont ces gars-là, et qu'est-ce que vous voulez : quand vous avez à faire à des manifestants d'un soi-disant mouvement pacifiste qui brûlent des voitures, qui entretiennent le chaos (on dirait la scène de rue de Robocop), on a pas le choix. Faut tirer dans le tas, en plus ça soulage. Ce qui est intéressant dans ce film, c'est de voir comment notre ennemi se fait une représentation, s'invente toujours un ennemi. Et nous sommes cet ennemi. Il est rigolo de voir comment finalement Snyder considèrerait AREDUC comme un ennemi.


Pour bien brouiller les pistes et s'en sortir lors de débats qu'il voit venir (pour sûr face à des « sales intellos » qui ont bien compris le mécanisme de son film), il met un personnage bien pensant au milieu de sa bande de « fascistes » (c'est le film qui le dit). Pourquoi ? Pour montrer qu'il est bon pompier, bon sauveur spectaculaire mais que face à une guerre nucléaire il est bien faible. Seuls des héros certes contestables (mais pas condamnables non plus comme le dit le grand schtroumpf) sont capables de prendre la décision de tuer 15 millions de personnes pour que deux pays se réconcilient. Pour que la paix soit. Je pense que tous ceux qui ont applaudi à la fin de la séance ne se sont jamais mis dans la peau des 15 millions de personnes tuées pour rien (la guerre froide s'est résolue sans qu'une bombe n'explose, c'est un fait historique non ?), mais qu'en plus ils saluent une grande perversité d'esprit que je vais tenter d'expliquer à la Snyder : objet, éclatement de l'objet, restructuration d'un nouvel objet.


Un des gardiens, particulièrement « fasciste » (c'est le film qui le dit), massacre un homme parce qu'il a tué de façon ignoble une fillette qu'il a donné à bouffer à ses chiens. Ce personnage dira sous l'aveu débile et stupide du criminel : « On enferme les homme, les chiens on les abat ». Il déshumanise un tueur, le tue lui-même de façon atroce - OBJET. Bref ce personnage applique la loi du talion parce qu'il pense qu'un jour il verra les intellos, les politiques, les putes se prosterner à ses pieds pour lui demander pardon de leur méfaits, tandis que lui éliminera la vermine créée par ceux cités plus haut (ce qu'il faut comprendre, c'est que Snyder pense que ce sont nos politiques molles qui ont créé ce tueur de petite fille, l'ont laissé vivre et commettre ces atrocités - c'est anti Sparte). Conclusion : le héros est celui qui prend la décision de tuer le « chien » qui massacre une victime. Au service de l'ordre, application de la peine de mort.


A la fin du film, c'est ce même personnage « fasciste », traité de fou, d'ultra violent par tous qui dira : « je ne fais aucun compromis, pas même devant l'apocalypse. C'est la différence entre toi et moi ». Et ça, il le dit aux personnages faibles, qui croient sans croire, qui forniquent mais encore pas très bien, en gros : le pompier, le fils de riche qui préfère les livres à la finance, qui accepte que 15 millions de personnes soient mortes pour la réunification des deux blocs. Le fasciste n'est pas d'accord contre tous - ECLATEMENT DE L'OBJET. Et la complexité du propos de Snyder est ici... Le héros ne peut tolérer ce massacre même s'il est bon pour la paix, l'unification. Donc le schtroumpf qui conteste mais admet le tue : il l'explose, l'éclate. Les autres sont dans le compromis mais ont rétabli la paix. Sa mort est donc christique (la forme rouge du corps éclaté dans la neige en est symbolique -tomate farcie christique = c'est ça la blague), sa mort est un sacrifice sur l'autel de... l'héroïsme total.


Où je vais ? Où ce film nous emmène dans sa malversation propagandiste qui brouille les cartes de son propos et moi qui ne suis pas très clair dans ce marasme.


Conclusion : la paix est. Les journalistes n'ont plus rien à se mettre sous la dent, car notre monde vibre grâce à la violence, la peur, etc. Il n'y aura plus de sang sur la « smiley face » mais que du ketchup (blague ?). Que le choix soit contestable ou non n'est pas la question. La Paix est, et la fin justifie bien les moyens - Reconstruction de l'objet.


Pascal Leroueil.

04-03-2009


PS : Snyder avait réalisé 300 : un film où l'on crie « liberté » toutes les trois phrases entre têtes, lames et autre graffitis voletant dans les airs.


DIE WELLE

Pas de vague dans le cinéma Allemand !

 

Nous sommes habitués depuis deux ou trois ans à découvrir du cinéma venu de chez nos voisins les allemands. Et à chaque fois c'est au minimum très bon : Good bye Lenin, Ping Pong, La Vie des Autres, L'imposteur... et La Vague est venue elle aussi immerger, de toutes choses bonnes pour l'esprit et les yeux, les spectateurs que nous étions, assis sur la plage.


Die Welle (la vague, donc, en allemand) est l'une de ces réussites rares dans le cinéma qui s'intéresse à l'adolescence et au sentiment contemporain de désengagement, de malaise...

Réussite car le film en présentant un prof qui veut faire vivre son cours, donner de nouvelles clefs à ces élèves (vous penserez forcément au Cercle des poètes disparus et auquel le film fait un clin d'œil) va développer justement ce qui est attendu.


Explication par le pitch du film : Un professeur anarchiste va devoir mener dans une classe libre un cours sur l'autocratie. Et pour rendre son cours vivant, il va très rapidement instaurer une autocratie vivante dans sa classe. L'intensité provoquée par ce prof dans sa classe, va créer une onde de choc (dans le sens énergétique du terme) sur la vie des élèves. Ils sont fans et en redemandent car ils se sentent vivre. Et ce qui est intéressant, le chef aussi : le prof. Seulement le régime mis en place dans cette communauté, dans ce mouvement nouveau qui va prendre le nom de La Vague, va se fasciser...


Ce qui est passionnant c'est la capacité du film d'être une démonstration scientifique sans être rasant. La démonstration, comme en mathématiques, doit prendre place dans un référentiel précis : la classe d'un lycée. La démonstration ne consiste pas à montrer en quoi le fascisme est horrible (quand on est allemand on en porte suffisamment le poids pour ne pas y revenir, c'est évident), mais plutôt comment une société gauchisante facilite l'arrivée au pouvoir justement de ce qui paraît impensable, et tout simplement parce qu'elle n'a pas de morale, pas d'exigence... et est une sorte d'anarchie ennuyeuse.


Il reste tout de même une frustration finale car le film n'apporte pas de solution, sur le comment vivre mieux en collectivité. Effectivement ce n'est pas l'objectif de sa démonstration, mais comme ça y touche, c'est dommage.


Je ne préfère pas en dire plus. C'est à vif que cet article est écrit. Le film est grand, riche, et ne l'ayant pas encore digéré, je préfère simplement vous inviter à aller le voir : d'urgence. Oui d'urgence si vous êtes intéressés car il ne passe plus dans beaucoup de salles, et il est sorti il y a déjà deux semaines.


Je vous invite simplement pendant que vous voyez ce film à faire attention à la mise en scène : j'ai trouvé très intéressant que dans ce film, où il est question de ce grand paradoxe (volonté d'inventer une vie intense mais qui semble à chaque fois être impossible dans un monde en paix, qui ne peut se créer sans cette menace de la violence, de la totalisation, etc.), il y ait justement plusieurs mises en scène - mise en scène paradoxale ? Il y en a plusieurs parce que la caméra, un peu comme ces jeunes, se jette toujours dans l'intensité quand elle se présente, et comme un adolescent encore naïf sur certains points elle se fige, devient extrêmement pointue, serrée, précise devant la gravité...


Bon film.

Pascal Leroueil

17-03-2009

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